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EXPLICATIONS

EXPLICATIONS

La ligne Maginot, du nom du ministre de la Guerre André Maginot, est une ligne de fortifications construite par la France le long de ses frontières avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie de 1928 à 1940.

Le terme « ligne Maginot » désigne parfois le système entier, mais plus souvent les seules défenses contre l'Allemagne (c'est-à-dire celles du théâtre d'opérations du Nord-Est), tandis que les défenses contre l'Italie sont appelées « ligne alpine » (dans le théâtre d'opérations du Sud-Est). À ces deux ensembles s'ajoutent les fortifications de la Corse, de la Tunisie (la ligne Mareth) et d'Île-de-France (la ligne Chauvineau). Le pendant allemand de la ligne Maginot est la ligne Siegfried.

Avec le temps, l'expression « ligne Maginot » est devenue1 synonyme d'une défense qu'on croit inviolable, mais qui se révèle totalement inutile.

 

Qui est il ?

André Maginot, ministre de la Guerre au moment du vote des crédits nécessaires aux fortifications.

La ligne doit son nom à André Maginot, le ministre de la Guerre français du  au  qui a obtenu le vote en décembre 1929 de la loi permettant le financement des régions fortifiées.

 

Pour l'armée française, la désignation officielle est la « fortification permanente » ou les « régions fortifiées ». Le terme de « ligne Maginot » provient de la presse, où il commence à être employé à partir de 1935, repris par le ministre de la Guerre Jean Fabry en août 1935 lors de l'inauguration du monument Maginot près de Verdun.

Description

La ligne Maginot est un dispositif complexe qui s'échelonne en profondeur sur différents niveaux depuis la frontière.

La ligne n'a pas été conçue de manière homogène, et sa réalisation n'a en général pas été conforme aux projets d'origine pour des raisons essentiellement budgétaires. Dans les parties les plus conformes aux projets initiaux (secteur de Thionville en particulier), on distingue quatre parties distinctes :

  1. La ligne des avant-postes, destinée avant tout à détecter une attaque brusquée et à la retarder un temps grâce à des dispositifs prévus à l'avance (routes minées, barrières, etc.) pour laisser le temps à la « ligne principale de résistance » de se mettre en état d'alerte.
  2. La « ligne principale de résistance » est à environ 2 km derrière les avant-postes. Elle était matérialisée par un double réseau de rails antichars et de barbelés tout le long de la frontière, balayée par les axes de tir à la mitrailleuse des casemates, et couvert par les tirs d'artillerie des gros ouvrages.
  3. Les abris d'intervalles destinés à assurer le soutien des troupes combattantes à l'air libre. Il s'agit en fait de casernes souterraines équipées uniquement pour le combat rapproché.
  4. L'arrière du front comporte tous les équipements de soutien logistique : réseau de téléphone et d’électricité, routes et voies ferrées militaires de 0,60 m dérivées du système Péchot, dépôts de munitions, casernes de temps de paix, etc.

Composants de la ligne

La « ligne principale de résistance » est avant tout basée sur un barrage de tirs de mitrailleuses le long de l'obstacle que forment les deux réseaux de barbelés et de rails antichars, presque en continu de lamer du Nord à la Suisse.

Le réseau de fil de fer barbelé est large de 12,5 mètres, soit six rangs de piquets en forme de queues de cochon d'un mètre de haut qui soutiennent les fils en formant des vagues, avec des ardillons plantés dans le sol et dépassant de 20 cm. Le rôle du réseau est de freiner l'infanterie assaillante pour que les mitrailleuses puissent la faucher.

Le réseau de rails est composé de sections de rail de trois mètres enterrées à la verticale sur six rangs de profondeur, dépassant de 60 cm à 1,3 m au-dessus du sol. Son rôle est d'arrêter les véhicules assaillants le temps que les canons antichars les détruisent.

Casemates

 

Le barrage de tirs de mitrailleuses est fait en flanquement (les tirs se croisent, venant des flancs) par des casemates d'infanterie, construites théoriquement tous les 1 200 mètres (portée utile des mitrailleuses). L'armement principal, composé de jumelage de mitrailleuses, est complété à partir de 1934 avec des canons antichars (de 47 mm ou de 37 mm). Les ouvrages s'intègrent dans cette ligne, avec des blocs d'infanterie servant de casemates et des blocs-tourelle équipés d'une tourelle de mitrailleuses ou pour armes mixtes (comprenant des mitrailleuses et des canons antichars de 25 mm).

Les casemates, appelées « casemates d'intervalle » pour les différencier des casemates des ouvrages, se déclinent en plusieurs modèles selon le terrain et la date de construction :

  • les casemates CORF, construites de 1929 à 1930, tirant à partir d'un ou de plusieurs créneaux, simples (flanquement d'un seul côté) ou doubles (flanquement des deux côtés) ;
  • les casemates CORF cuirassées, construites de 1931 à 1934, tirant à partir d'une ou plusieurs cloches pour mitrailleuses (certaines cumulant cloche JM et créneau JM) ;
  • les casemates CORF « nouveaux fronts », construites de 1934 à 1935, simples, doubles ou cuirassées, avec en plus des cloches pour arme mixte (certaines recevront même une tourelle pour une arme mixte et un mortier) ;
  • les blockhaus MOM (main-d'œuvre militaire), construits de 1935 à 1940, bien moins protégés et plus petits, avec des modèles très variés : STG (Section technique du génie), FCR (fortification de campagne renforcée), RFM (région fortifiée de Metz), RFL (région fortifiée de la Lauter), 1re2e, 20e et 7e RM (région militaire), etc.

Ouvrages

 
Un ouvrage de la ligne Maginot est un ensemble de blocs (constructions bétonnées) en surface reliés entre eux par des galeries souterraines. Le nombre de ces blocs et donc la taille de chaque ouvrage dépendent de sa mission, du terrain et des crédits disponibles.

De manière générale, on trouve des blocs destinés à servir d'entrées soit pour la troupe (que l'on appelle « entrée des hommes »), soit pour les munitions et le matériel (« entrée des munitions »). Parfois ces deux blocs sont regroupés en un seul pour des raisons pratiques (notamment pour les ouvrages de montagne) ou bien pour les petits ouvrages dépourvus d'artillerie (dans ce cas l'entrée des munitions n'est pas utile), elle est alors appelée « entrée mixte ».

 

Ces entrées donnent accès au réseau de galeries qui relient les différents éléments de l'ouvrage. En effet, les ouvrages Maginot sont enterrés, en général à 30 mètres de profondeur, afin d'être suffisamment protégés et le moins visible possible. Seuls les entrées et les blocs de combat sont donc visibles de l'extérieur d’un ouvrage. Les entrées des ouvrages sont toujours rejetées bien à l'arrière des blocs actifs, parfois à plusieurs kilomètres pour les ouvrages de plaine. Un ouvrage peut ainsi avoir plusieurs kilomètres de galeries (environ une dizaine pour les plus gros) mais tout dépend de sa situation géographique. Dans ce cas, un train sur voie étroite à traction électrique permet d'acheminer le matériel et les munitions aux blocs de combat.

On retrouve ainsi sous terre une caserne avec les chambrées pour la troupe, une cuisine, une infirmerie avec parfois un bloc opératoire, une salle des filtres (des filtres à air en cas d'attaque au gaz), une centrale de production d'électricité (tout dans un ouvrage fonctionne à l'électricité) pouvant compter jusqu'à quatre groupes électrogènes, des réservoirs d'eau, de carburant et parfois un magasin principal de munitions (dit magasin M 1). Tous ces organes se trouvent proches des entrées de l'ouvrage et sont reliés par galerie aux blocs de combat.

Du côté des blocs de combat, on retrouve dans chacun un poste de commandement, des magasins à munitions (M 2 et M 3) et bien sûr l'armement de l'ouvrage. Ces blocs de combat sont répartis dans une aire suffisamment vaste pour limiter l’efficacité des bombardements (au moins 50 mètres entre chacun). Il y a plusieurs types de blocs de combat :

Autres éléments

De la frontière vers l'arrière de la ligne : avant-postes juste à la frontière, maisons-fortes (dans la forêt ardennaise et dans celle de Wissembourg), barrages de route, observatoires (CORFou de campagne), abris d'intervalle, postes de commandement, positions d'artillerie (emplacements de pièce et abris bétonnés), voies ferrées militaires (pour approvisionner les entrées des munitions des plus gros ouvrages), routes stratégiques (longeant la ligne et reliant les entrées), dépôts de munitions, câbles électriques et téléphoniques enterrés, boîtes de coupure, postes de transformation, casernements de sûreté, etc.

 

Protection et armement

Le béton fut employé massivement pour la protection de l’armement et des troupes : des dizaines de milliers de mètres cubes de béton étaient nécessaires pour la construction d'un ouvrage, dont les dalles et les murs exposés avaient 3,5 mètres d'épaisseur. Mais on utilisa également des cuirassements pour protéger les pièces d'artillerie et d'infanterie. Comme l'avaient montré les combats des forts de Verdun en 1916, les systèmes développés pour la protection des pièces d'artillerie furent conservés et améliorés pour être intégrés dans la ligne Maginot.

On retrouve ainsi deux types de protections pour les mitrailleuses et les pièces d'artillerie : soit sous casemates soit sous tourelles. Une casemate permet de tirer par des créneaux installés sur une des façades (casemate simple) ou deux façades (casemate double) mais l'angle de tir en est limité, tandis qu'une tourelle éclipsable permet de tirer à 360° mais elle est plus vulnérable une fois en batterie.

 

Cuirassements

La protection par le béton peut être complétée par des cuirassements (blindages) en acier sur toutes les ouvertures. Ces cuirassements peuvent être divisés en quatre catégories : les portes (blindées et souvent étanches), les créneaux (obturés par des trémies), les cloches et les tourelles.

Cloches

Les cuirassements fixes appelés « cloches » servaient à la protection rapprochée ou à l'observation : elles pouvaient être équipées de jumelles, de différents types de périscopes ou encore d'armes d'infanterie suivant les modèles. S'y ajoutent les champignons couvrant les prises d'air. Il existe six types de cloches :

Tourelles

Les cuirassements mobiles appelés « tourelles à éclipse » sont capables de s'éclipser pour protéger l'armement en ne laissant à la surface qu'une calotte d'acier spécial d'environ 300 millimètres d'épaisseur. En position de tir, la tourelle monte d'environ un mètre dégageant ainsi les embrasures de tir. Elle peut pivoter sur 360° et offre l'avantage d'être très compacte pour une puissance de feu très importante.

 

 
 
Armes d'artillerie

L'artillerie sous béton de la ligne se limite à trois calibres, 135, 81 et 75 mm :

 

Armes d'infanterie

 

La majorité de l'armement est composée de mitrailleuses et de fusils-mitrailleurs, complétés par des canons antichars :

On constate donc que l'armement de la ligne Maginot se base sur des mitrailleuses et sur le canon de 75 mm, qui fut très performant en 1914-1918 et qui montra une nouvelle fois toute sa valeur dans la ligne Maginot : par exemple, une tourelle de 75 mm R modèle 1932 pouvait tirer à une cadence de 30 coups par minute tout en étant d'une précision redoutable grâce à des plans de feu pré-établis.

Troupes

 

La ligne Maginot nécessite des unités spécialisées pour servir d'équipages aux ouvrages et casemates, ainsi que de troupes d'intervalle :

S'y ajoutent d'autres unités spécialisées rattachées aux troupes de forteresse :

  • régiments d'artillerie lourde sur voie ferrée et groupes de reconnaissance de région fortifiée ;
  • bataillons de mitrailleurs, du génie de région fortifiée, de sapeurs de chemins de fer et de pionniers ;
  • compagnies autonomes de forteresse, de garde républicaine mobile (gardes-frontières), de parc du génie, d'électromécaniciens de forteresse, de télégraphistes, de radio, d'auxiliaires de destruction minière, d'inondation, automobiles de quartier-général (train) et d'aérostation ;
  • détachements colombophiles, groupes d'exploitation (intendance), groupes sanitaires, groupes aériens d'observation et sections d'éclaireurs-skieurs.

Enfin, en plus des unités spécifiques de forteresse, la ligne Maginot est en plus couverte par les grandes unités de l'armée de manœuvre, soit :

Pour la portion de Sedan à Nice, cela représente 28 divisions d'infanterie déployées sur la position le N 1, dont trois dans les Alpes, avec en soutien à proximité vingt autres divisionsN 2, ainsi que les groupes de bataillons de chars, l'artillerie lourde des corps d'armée, la réserve d'artillerie, les unités de cavalerie, les escadrilles de chasse, de bombardement et de reconnaissance de l'Armée de l'air, etc.

Organisation

Les équipages des fortifications (ouvrages, casemates ou blockhaus), les troupes d'intervalle (unités d'infanterie, d'artillerie, du génie, de reconnaissance et de gardes frontaliers) et les différents services (trainsantéintendance, instruction, etc.) sont regroupés par zone géographique sous les ordres d'un des 24 secteurs fortifiés (ou défensifs dans les cas les moins développés) que comptent la ligne.

 

 

Histoire

 

Conception

 
La conception de la ligne Maginot au cours des années 1920, puis sa réalisation au cours des années 1930 découlent directement de la Première Guerre mondiale. En effet, cette guerre a aggravé la situation démographique de la France, qui se trouve ainsi lourdement défavorisée face à l'Allemagne : en cas de nouvelle guerre, il est nécessaire d'économiser au maximum le précieux « sang français ». De plus, la France a subi d'importantes destructions qui ont affecté de grandes villes, des terres agricoles fertiles et des bassins industriels de première importance ; pour éviter cela, il est nécessaire de garantir l’intégrité du territoire national.

Ces nouvelles fortifications ont ainsi plusieurs missions en cas de guerre :

  • économiser les troupes et compenser les classes creuses causées par la Première Guerre mondiale ;
  • empêcher une attaque-surprise venant d'Italie ou d'AllemagneN 10 et permettre de mobiliser l'armée française à l'abri ;
  • protéger les bassins industriels et les mines d'Alsace et de Lorraine ;
  • servir de base à une éventuelle contre-attaque ;
  • pousser les Allemands à passer par la Belgique ou par la Suisse, obligeant d'une part le Royaume-Uni (garant de la Belgique) à se battre contre l'Allemagne, d'autre part en déplaçant la zone des combats hors de France (cette stratégie est la composante du plan Dyle).

Les premiers projets de la ligne Maginot voient le jour avec la création en 1925 de la Commission de défense des frontières (CDF), qui établit les premiers projets. Cet organisme est remplacé à partir de1927 par la Commission d'organisation des régions fortifiées (CORF), qui fait établir les plans et les propose au ministre de la Guerre ; elle est composée d'officiers du génie et d'artillerie avec pour président l'inspecteur général du génie, qui est d'abord le général Fillonneau puis à partir de janvier 1929 et jusqu'en 1935 le général Belhague4.

 

Construction

Les travaux commencent d'abord face à l'Italie, car le fascisme italien est à l'époque plus menaçant que la République allemande : les premiers chantiers sont ouverts en septembre 1928 dans les Alpes (pour l'ouvrage de Rimplas) puis en 1929 dans le Nord-Est (RochonvillersHackenberg et Hochwald). Les crédits votés en décembre 1929 (loi Maginot) finançant un programme de fortification sur cinq ans (de 1930 à 1934) sont de 2,9 milliards de francs de l'époque (soit 1,6 milliard d'eurosN 11), puis s'élèvent à 3,4 milliards grâce à des crédits supplémentaires. Du fait de la crise économique et de l'inflation constante, les dépenses sont compressées au maximum, ce qui se ressent sur la qualité des réalisations : de nombreux plans d'ouvrages sont revus par la Commission, de nombreux éléments sont – au mieux – ajournés, au pire supprimés. La construction de cette première tranche s’active jusqu'en 1933, date à laquelle le gros-œuvre des principaux ouvrages est terminé.

En 1934, suite au vote d'une nouvelle loi-programme d'un milliard 275 millions de francs5, une nouvelle série de chantiers s'ouvre dans la Sarre française et autour de Montmédy face à la Belgique. La CORF est dissoute en 1935. En 1936, après laremilitarisation de la Rhénanie par Hitler et les revendications de Mussolini sur Nice, des crédits supplémentaires sont alloués pour couvrir toute la frontière. Ces travaux sont menés sous l'autorité des commandants de chaque région militaire et sous le contrôle des inspecteurs généraux du génie (les généraux Huré de 1936 à 1938, Griveaud de 1938 à 1939 et Philippe de 1939 à 1940), mais ces constructions n’ont pas l'efficacité des premiers ouvrages et surtout ne sont pas terminées en mai 1940. Le résultat est que la portion la plus solide de la ligne s'arrête à la lisière du massif des Ardennes que certains experts comme le maréchal Pétain (héros de Verdun, général en chef de l’armée de 1918 à 1931 et ministre de la Guerre en 1934) jugeaient « impénétrable » aux troupes mécanisées, au même titre que la Meuse et le canal Albert en Belgique.

Au total, la ligne Maginot a coûté plus de cinq milliards de francs de 1930 à 1936, ce qui représente environ 1,6 % du budget de l'État sur la période6.

Mobilisation

La première mission de la ligne étant d'empêcher une attaque brusquée pendant la mobilisation (qui dure quinze jours), elle doit donc être opérationnelle avec la totalité de ses effectifs avant la déclaration de guerre. En conséquence, les ouvrages sont mis en alerteN 12 dès que la situation internationale devient tendue, c'est-à-dire que les ouvrages et casemates sont occupés en une heure par le personnel d'active (l'échelon A, composé de conscrits et de professionnels) et la moitié de l'armement est mis en service. Ce fut le cas de mars à avril 1936 (remilitarisation de la Rhénanie), de mars à mai 1938 (Anschluss), de septembre à octobre 1938 (crise des Sudètes) et à partir du  (crise du corridor de Dantzig).

La mesure suivante est l'alerte renforcée, correspondant au rappel des réservistes frontaliers (échelon B1), ce qui permet en une journée de mettre l'ensemble de l'armement opérationnel. Elle est suivie par l'ordre de mise en sûreté, correspondant au rappel des réservistes non-frontaliers affectés aux unités de forteresse (échelon B2) et l'occupation sous trois jours de toutes les positions avec des effectifs de guerre. Ensuite c'est l'ordre de couverture généraleN 13, c'est-à-dire le rappel de tous les réservistes affectés aux unités d'active permettant l'établissement sous six jours de 25 divisions le long de la frontière. Cette mobilisation partielle avait déjà été déclenchée du  au 6 octobre de la même année. Le , l'alerte renforcée est ordonnée en même temps que le dispositif de sûreté7.

Le 25 août, l'Allemagne décrète la mobilisation générale pour le 26. Le 27 à minuit commence l'application de la couverture générale. Le 1er septembre, suite à l'attaque allemande contre la Pologne, la mobilisation générale française est décidée, applicable à partir du 2 à minuit ; la frontière avec l'Allemagne est fermée, les habitants de la zone frontalière sont évacués (notamment Strasbourg). Le , la France déclare la guerre à l'Allemagne.

Drôle de guerre

Les premiers jours de la guerre, les forces françaises et la Wehrmacht allemande restent sur leurs positions respectives, à plusieurs kilomètres de la frontière. Du 9 au , les 4e et 5e armées françaises, y compris quelques éléments d'infanterie de forteresse, sont engagés dans l'offensive de la Sarre.

Les ouvrages n'interviennent pas, faute d'objectifs à détruire, mis à part quelques tirs des tourelles pour soutenir les corps francs (de la part des ouvrages du Simserhofdu Grand-Hohékirkeldu Four-à-Chaux et du Hochwald).

Article connexe : drôle de guerre.

Mai 1940

 

Le , la Wehrmacht passe à l'offensive à travers le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas. Son axe principal évite les secteurs les plus puissants de la ligne Maginot, longeant la position avancée de Longwy (11 au 13 mai, finalement évacuée par les Français) avant de percer à travers le secteur défensif des Ardennes (à Monthermé) et le secteur fortifié de Montmédy (à Sedan) du 13 au 15 mai.

 

Les fortifications au nord-ouest de cette percée sont prises à partie au fur et à mesure de la progression allemande : d'abord le secteur de Maubeuge (du 16 et 23 mai), ensuite le secteur de l'Escaut (du 22 au 27 mai) et enfin le secteur des Flandres (lors de la bataille de Dunkerque, du 25 mai au 3 juin). Ces différents secteurs sont faiblement fortifiés, ils ne comptent aucun ouvrage d'artillerie : les casematessont rapidement prises par les troupes allemandes attaquant sur leurs arrières tandis que les quelques ouvrages d'infanterie (Les SartsBersilliesLa SalmagneBoussois et Eth) doivent se rendre après leur neutralisation par des tirs dans les embrasures et la destruction des bouches d'aération.

Il y a un cas particulier, l'ouvrage de la Ferté qui se trouve à l'extrémité du secteur de Montmédy : il s'agit d'un petit ouvrage d'infanterie (deux blocs), qui se retrouve isolé, dont tous les cuirassements (sept cloches et une tourelle) se font détruire par des pionniers allemands armés d'explosifs (17-19 mai) et dont l'équipage meurt asphyxié.

Juin 1940

Les 5 et 9 juin, les armées allemandes percent de nouveau le front sur la Somme et l'Aisne. Le 12 juin, les troupes françaises en Lorraine reçoivent l'ordre de décrocher progressivement vers le sud pour éviter l'encerclementN 14. Au même moment le groupe d'armée C allemand a ordre de se lancer frontalement à l'attaque des secteurs les plus faibles de la ligne Maginot en Alsace-Lorraine, c'est-à-dire dans la trouée de la Sarre et sur le Rhin. L'attaque rencontre donc un dispositif affaibli parce que - contraire au plan de défense initial - une partie des troupes d'intervalle, censées protéger la zone entre les fortifications, a été retirée pour éviter d'être encerclée sur place.

Dans la Sarre (opération Tiger), la 1re armée allemande attaque la première ligne de casemates STGN 6 le 14 juin, avant d'emporter les deux lignes le 15 suite à l'évacuation des troupes d'intervalle françaises dans la nuit du 14 au 15. Les forces allemandes se déploient donc sur les arrières des ouvrages de Lorraine dès le 17 : l'évacuation des ouvrages est annulée. Sur le Rhin (opération Kleiner Bär), la 7e armée allemande établit des têtes de pont sur la rive gauche entre Rhinau et Neuf-Brisach le 15 juin, juste avant que les Français évacuent (le 17), ce qui permet la prise de Colmar, puis de Belfort le 19. Quant aux troupes françaises battant en retraite vers le sud, elles finissent par se rendre entre le 21 et le 25 juin. Les ouvrages sont désormais encerclés, ce qui va permettre aux Allemands de les attaquer plus facilement.

Le 19 juin, une percée est réussie dans le secteur des Vosges, malgré les tirs du Four-à-Chaux. Le 20, c'est au tour des casemates du plateau d'Aschbach, qui résistent grâce à l'appui de l'artillerie duSchœnenbourg. Les casemates et surtout les ouvrages sont bombardés par des stukas et par l'artillerie lourde (le Schœnenbourg reçoit 160 bombes, 50 obus de 420 mm et 33 de 280 mm)

 

Dans les autres secteurs, les Allemands se limitent principalement à des tirs tendus contre les murs arrières et contre les embrasures des blocs, ce qui, au bout de plusieurs heures de tir, finit par percer le béton et l'acier des cloches. Dans le secteur de Faulquemont, le Bambesch est attaqué le 20, un canons de 88 mm perce le bloc 2, ce qui entraine la reddition de l'ouvrage. Le 21, c'est au tour du Kerfentdont le bloc 3 est perforé à coups de 88 mm, tandis qu'à l'Einseling un assaut sur les dessus est repoussé par les mortiers de 81 mm du Laudrefang. Ce dernier, ainsi que le Teting, seront vivement canonnés jusqu'à la conclusion de l'armistice9.

Dans le secteur de la Crusnes, les ouvrages de la Ferme-Chappy et de Fermont sont attaqués le 21 : après une préparation d'artillerie lourde (210 mm Krupp et 305 mm Skoda), des bombardements par stukas et des tirs de canons de 88 mm, les sections d'assaut sont repoussés par les tirs du Latiremont (1 577 obus tirés en un jour)10. Dans le secteur de Boulay, l'ouvrage du Michelsberg est attaqué le 22 juin, mais les tirs des ouvrages voisins (Hackenberg et Mont-des-Welsches) nettoient rapidement les approches11. Dans le secteur de Rohrbach, après la reddition le 21 du Haut-Poirier (bloc 3 percé par un obus perforant de 150 mm), la même chose se produit au Welschhof le 24 avec le bloc 112.

L'armistice entre la France et l'Allemagne est signé le , mais il n'entre en application que le 25 juin à h 35, après qu'un armistice entre la France et l'Italie ne soit signé (le 24 au soir). Les Allemands prennent possession des ouvrages du Nord-Est du 26 juin au 2 juillet, les Italiens ceux du Sud-Est, tandis que les équipages sont faits prisonniers ; les plans des ouvrages sont livrés à l'occupant.

Dans les Alpes

Les secteurs fortifiés du Sud-Est dépendent en temps de paix des 14e et 15e région militaire (QG respectifs à Lyon et Marseille). Ils sont mis en alerte en même temps que ceux du Nord-Est le, puis dès le lendemain les réservistes des unités de forteresse sont appelés ; la mobilisation générale commence le 2 septembre, portant en quinze jours la 6e armée (appelé aussi l'armée des Alpes), à qui est confiée la défense de la frontière du Sud-Est, a son effectif maximal. Les troupes occupent alors leurs positions face au royaume d'Italie avec laquelle la République française n'est pas en guerre. Cette situation se poursuit jusqu'à la déclaration de guerre de l'Italie à la France et au Royaume-Uni le . Dès le premier jour des hostilités, tous les ponts et tunnels des cols sont détruits par le génie. Étant donné l'enneigement tardif pour la saison, les Italiens retardent leur attaque. L'offensive ne commence qu'à partir du 20 juin, malgré le mauvais temps (interdisant les bombardements aériens).

En Savoie, les attaques du Corpo d'Armato Alpino en Tarentaise (cols de la Seigne et du Petit-Saint-Bernard : opération Bernardo) et du 1° Corpo d'Armata en Maurienne (col du Mont-Cenis) sont bloquées par les avant-postes et l'artillerie des ouvrages jusqu'à l'armistice.
 

Dans le secteur du Dauphiné, le 4° Corpo d'Armata, chargé de prendre le Briançonnais, est lui aussi bloqué au col de Montgenèvre ; le 21 juin, quatre mortiers français de 280 mm neutralisent le fort italien du Chaberton (dont les huit tourelles d'artillerie bombardaient l'ouvrage du Janus). En Ubaye, le 2° Corpo d'Armata (opération Maddalena) est arrêté juste après le col de Larche par les avant-postes soutenus par les tirs des ouvrages de Saint-Ours Haut et de Roche-la-Croix.

Dans la partie montagneuse des Alpes-Maritimes, les avant-postes ne sont presque pas inquiétés, rapidement dégagés par les tirs des ouvrages (de Rimplas et de Flaut). Les attaques sont plus importantes le long de la côte, dès le 14 juin, en raison de l'absence de neige (opération Riviera menée par le 15° Corpo d'Armata) : les points d'appui le long de la frontière doivent être évacués le 22, une partie de Menton est prise par les Italiens, mais là aussi les avant-postes français résistent grâce aux tirs de soutien des ouvrages (notamment ceux du Mont-Agel et du Cap-Martin) et des batteries d'intervalle.

 

L'armistice du 24 juin 1940 entre l'Italie et la France est signé à Rome, avec application le 25 juin à h 35. Les fortifications du Sud-Est se trouvent dans la zone d'occupation italienne en France et sont évacuées (avec une partie du matériel) avant le 5 juillet13.

De juillet 1940 à 1945

Occupation allemande

Suite à l'armistice, les ouvrages du Nord-Est sont occupés par l'Armée allemande, qui maintient sur place des petites équipes de prisonniers de guerre pour assurer le déminage, l'entretien et expliquer le fonctionnement des équipements. Début 1941, les services de propagande allemands organisent quelques reconstitutions filmées des combats de 1940 : bombardements lourds, tirs dans les embrasures et assaut au lance-flammeN 15.

À partir de l'été 1941, commencent les opérations de récupération d'une partie de l'armement et de l'équipement, pour équiper les fortifications allemandes (entre autres le mur de l'Atlantique) ou être stocké. Sont enlevés :

À partir de 1944, suite aux bombardements anglo-saxons sur l'Allemagne et la France, quelques ouvrages sont réutilisés, trois sont transformés pour servir en cas de besoin de PC souterrain pour des états-majors (RochonvillersMolvange et Soetrich), deux autres comme dépôts (pour la Reichspost au Mont-des-Welsches, pour la Kriegsmarine au Simserhof) et cinq autres comme usines d'armement (Métrich,HackenbergMichelsbergAnzeling et Hochwald). Ces usines étaient installées dans le magasin à munitions des ouvrages et employaient des prisonniers ou des déportés soviétiques.

Combats de 1944-1945

Suite à la défaite allemande en  lors de la bataille de Normandie, le haut-commandement allemand ordonne de remettre en état les fortifications le long des frontières occidentales du Reich14, soit non seulement la ligne Siegfried, mais aussi celles se trouvant en Alsace-Moselle (territoires annexés en juillet 194015) : les vieux Festen autour de Metz et de Thionville (formant « l'arsenal de Metz-Thionville ») et des éléments de la ligne Maginot.

Les forces américaines arrivent en Lorraine au début de  : il s'agit des éléments de la 3e armée du général Patton, qui sont bloqués devant Metz jusqu'au début de novembre. Certains éléments de la ligne sont alors utilisés par les Allemands pour retarder l'avance américaine, les autres sont sabotés. Le , les Américains de la 90th ID (en) sont repoussés par les tirs du bloc 8 de l'ouvrage du Hackenberg (trois canons de 75 mm en casemate servis par des éléments de la 19. VGD) : le bloc est neutralisé le 16 par un canon-automoteur de 155 mm qui perce la façade, avant que l'ouvrage ne soit occupé le 19. Le 25, les casemates et ouvrages du secteur fortifié de Faulquemont défendus par quelques éléments de la 36. VGD allemande sont pris par la 80th ID (en) américaine après un pilonnage au canon de 90 mm antichar (notamment contre le bloc 3 de l'ouvrage du Bambesch). Le 7 décembre, les casemates du secteur fortifié de la Sarre entre Wittring et Achen sont prises d'assaut par la 12th AD (en) et la 26th ID16.

 

En Alsace, la majeure partie de la plaine est libérée en novembre 1944, mise à part la poche de Colmar. Les casemates de la berge gauche du Rhin étant inutiles pour les Allemands, elles sont systématiquement neutralisées. Au nord de l'Alsace, c'est la 7e armée américaine du général Patch qui doit percer ; son XV Corps (en) doit passer par la région de Bitche, où la défense est beaucoup plus sérieuse17. La 44th ID (en) s'occupe de l'ouvrage du Simserhof du 13 au  et la 100th ID (en) de l'ouvrage du Schiesseck du 17 au 21 : après d'importants bombardements à coup d'obus et de bombes, puis des tirs dans les embrasures par des Tanks Destroyers (bloc 5 du Simserhof18), il faut recouvrir de terre les cuirassements avec des chars-bulldozers  et lancer des assauts d'infanterie sur les dessus pour que les garnisons allemandes (éléments de la 25.PGD) évacuent. Les Américains rendent immédiatement inutilisables les différents blocs.

Toutes les opérations offensives sont suspendues suite aux contre-offensives allemandes dans les Ardennes et dans le nord de l'Alsace, l'inquiétude est telle que le général Charles Griveaud est appelé afin de renseigner les Américains sur les moyens de la mettre hors d'état de nuire ou de s'en servir ; les forces américaines sont même évacuées d'Alsace. Lors de cette nouvelle occupation de janvier à, les Allemands vont saboter systématiquement les casemates et les ouvrages qui sont encore en état (Hochwald et Schœnenbourg). La région de Bitche est reprise par les Américains de la100th ID lors de l'opération Undertone les 15 et .

Guerre froide

Après la guerre, l'armée française réinvestit la ligne, qui n'est plus opérationnelle en raison d'une part des dégâts subis lors des combats de 1940 et 1944, d'autre part des démontages (au profit du mur de l'Atlantique) et des essais. Dès , après inventaire, le génie entreprend pour certains cas une remise en état partielle (à partir des pièces de rechange), pour les autres, des mesures de conservation (nettoyage et fermeture) sont prises.

À partir de 1949, le début de la guerre froide et la création de l'OTAN face à la menace soviétique motivent l'accélération de la remise en état de la ligne Maginot (priorité aux groupes électrogènes et aux tourelles d'artillerie). En 1950 est créé un organisme chargé des fortifications : le Comité technique des fortifications (CTF). En plus de la remise en état, le Comité doit moderniser la ligne, notamment par des projets de protection contre le souffle des explosions nucléaires, de développement de matériels nouveaux (missiles antichars ; remplacement des canons de 75 mm par des 105 mm), d'arasement des cloches, de meilleurs réseaux de transmission, d'installation de champs de mines, de prise d'air à travers la rocaille, etc.). Dans le cadre théorique du dispositif arrière des forces de l'OTAN, sont prévus par les Français trois « môles fortifiés » remis en état en priorité entre 1951 et 1953 : môle de Rochonvillers (RochonvillersBréhainMolvange et Immerhof), de Bitche (SimserhofSchiesseckOtterbiel et Grand-Hohékirkel) et d'Haguenau (Four-à-ChauxLembachHochwald et Schœnenbourg). Trois autres môles sont prévus en priorité secondaire : môle de Crusnes (Fermont et Latiremont), de Thionville (du Soetrichau Billig) et de Boulay (du Hackenberg au Dentig). Les travaux ne se limitent pas à ces môles, les ouvrages du Sud-Est (Alpes) sont remis en état, la zone d'inondation du secteur de la Sarre est réparée (étangs-réservoirs et digues), de nombreux blocs d'ouvrage ayant été matraqués par des obus sont à nouveau bétonnés. Comme une partie de l'armement manque, la production des différents modèles est relancée en 1952N 17.

Deux ouvrages sont cédés à l'Armée de l'air pour en faire des bases radars : en 1954 le Mont-Agel (devient en 1960 la base aérienne 943 de Roquebrune-Cap-Martin) et en 1956 le Hochwald (devient en 1960 la base aérienne 901 de Drachenbronn).

En 1960, tous les travaux sont arrêtés, les projets sont annulés, avant que les ouvrages ne soient progressivement déclassés à partir de 1964, car « n'ayant aucun rôle à jouer dans les plans de l'OTAN »19 : le contexte est à la détente, les missiles à tête nucléaire (explosion de la première arme nucléaire française en février 1960) servant de dissuasion rendent obsolètes les fortifications linéaires. L'armée abandonne les ouvrages (sauf le Hochwald, le Rochonvillers, le Molvange et le Soetrich), en n'y faisant d'abord que du gardiennage, avant de commencer à vendre les terrains (première vente de casemates en 1970, de l'ouvrage d'Aumetz en 1972du Mauvais-Bois en 1973, etc.). La majorité des casemates et les blocs ont leurs cuirassements ferraillés, ils sont généralement vandalisés et pillés (notamment les câbles en cuivre), d'où le remblayage de certaines entrées. Dans le cas de l'ouvrage de Rochonvillers, les installations souterraines sont utilisées par l'OTAN de 1952 à 1967), avant de connaitre en 1980 des travaux visant à le transformer en PC souterrain pour la 1re armée française : protection NBC pour les entrées, usine et caserne modernisées, le magasin à munitions transformé en centre opérationnel et des antennes placées sur les dessus. En , le PC est démantelé